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Photo du rédacteurNicolas Moro

Cette année je participerai à une soirée en hommage à Bernard Dimey

Il y aura des chansons bien sûr mais aussi des textes. Celui-ci s’appelle : « Un bel incendie ».

Moi j’connais pas du tout celui qu'a foutu le feu

Le moins qu'on puisse en dire c'est qu'il a su s'y prendre

Fallait voir le boulot, ça flambait, pas qu'un peu

En une heure, tout est cuit, toute la crèche est en cendres

J' vais récapituler : les bâtiments d'abord

La ferme, les greniers, les écuries, la grange

A l'heure où j' vous dis ça, tous les bestiaux sont morts

Un feu qui prend comme ça, c'est tout d' même bien étrange

N'empêche que v'là des gens qui sont tous dans l' malheur

Richards comme ils étaient, ils ont pas l'habitude

En été, c'est pas drôle, un éclair de chaleur

Les v'là fauchés maintenant, ils vont la trouver rude

Surtout que, dans l' patelin, ils sont plutôt mal vus

Riches comme tous les Crésus, un secret pour personne

Mais depuis vingt-cinq ans qu'ils sont ici, voire plus

Ils ont tous, comme on dit, mal à la main qui donne

C'est pas des gens d'ici, plutôt des étrangers

Ça cause même pas l' patois, allez donc les comprendre

On a tout essayé dans l' temps pour les changer

Sans savoir quoi leur dire ni par quel bout les prendre

Mais question d'incendie, vingt dieux! les v'là gâtés

Tout l' monde y met du sien, les pompiers font ce qu'ils peuvent

Mais un machin comme ça, on n' peut pas l'arrêter

T'as beau gesticuler, ça sert à rien, la preuve

Des flammes de cette taille-là, ça va tout bousiller

Toute la baraque y passe, ça commence par les poutres

Trois kilomètres autour, ça sent l' cochon grillé

Pour dire la vérité, moi, j'en ai rien à foutre

Une fois, j' leur ai demandé un p'tit service de rien

Même pas la charité, de quoi m' tirer d'affaire

Ces gens-là m'ont reçu, disons-le, comme un chien

Ils vont comprendre maintenant ce que ça fait, la misère

Ils avaient du cheptel, des chevaux, trois cents moutons

Une centaine de cochons, des vaches, de la volaille

Fini tout ça, fini, grillé jusqu'au trognon!

C'est cuit, y a qu'à s' servir, on liquide et on s' taille

Un incendie comme ça, ça console un p'tit peu

Ceux qui peuvent pas blairer les gens dans la fortune

Pour tout ratiboiser, on n' pouvait pas faire mieux

En plein milieu d' la nuit par un beau clair de lune

Mais j' connais pas du tout celui qu'a foutu l' feu...



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